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Libéraliser les pièces de carrosserie
Contrairement à ses voisins européens, la France protège encore les pièces dites « visibles » des véhicules (pièces de carrosserie, vitrages, feux, rétroviseurs) au titre du droit des dessins et modèles ou droit d’auteur. De fait, selon l’Autorité de la concurrence, ces droits de propriété intellectuelle appliqués aux pièces de rechange empêchent que soient fabriquées ou commercialisées sur le territoire français des pièces concurrentes de celles vendues par le constructeur. Ils confèrent donc au constructeur un monopole de droit effectivement appliqué à 70 % du marché des pièces visibles.
Dérive des prix
Dans le budget automobile des Français (5 900 € par an selon UFC Que Choisir), la réparation et l’entretien représentent le deuxième poste de dépense. Et en vingt ans, son coût a progressé de 75 %, soit plus du double de l’inflation.
« Protégés de la concurrence pour les éléments qu’ils sont les seuls à pouvoir produire, les constructeurs automobiles ont laissé dériver les prix. La France est le dernier grand pays d’Europe à appliquer ce monopole anachronique dont la suppression pourrait permettre aux consommateurs d’économiser jusqu’à 400 millions d’euros par an. C’est pourquoi nos organisations militent de longue date pour l’ouverture de ce marché » expliquent dans un communiqué commun la FEDA, la FNA et l’UFC Que choisir.
Une opportunité pour toute la filière
Libéraliser la fabrication des pièces de carrosserie serait bénéfique à l‘ensemble des acteurs de la filière automobile, comme l’a montré l’Autorité de la concurrence. Aux consommateurs qui profiteront de prix plus bas sur les pièces et d’une baisse de coût sur les assurances automobiles comme aux équipementiers français, souvent des petites et moyennes entreprises. Celles-ci pourraient en effet capter une part de ce marché en produisant des pièces de qualité, avec des marges plus faibles que celles des constructeurs ou de leurs partenaires. Enfin, diminuer le coût des pièces permettra de favoriser la réparation dans une logique d’économie durable.
Levée progressive du monopole
Le gouvernement a annoncé sa volonté de libéraliser en partie la vente de pièces détachées automobiles dans le cadre de la loi d’orientation sur les mobilités (LOM), actuellement en débat au Parlement. La rédaction du projet organise une levée progressive et différenciée du monopole des constructeurs sur les pièces visibles. Elle sera totale, dès 2020, pour les phares, les rétroviseurs et le vitrage. Mais elle s’appliquera progressivement à compter de 2021 pour les pièces de carrosserie et seulement pour les pièces anciennes. Les constructeurs ont réussi à maintenir une protection de 10 ans sur ces pièces (contre 25 ans auparavant).
Selon UFC Que Choisir, le monopole actuel des constructeurs induit une hausse des prix des pièces de carrosserie de l’ordre de 34 % si l’on compare à des pièces de rechange qui seraient fabriquées et fournies par d’autres opérateurs. Si la mesure visée dans la loi LOM était appliquée, elle bénéficierait également aux distributeurs indépendants.
Les Français prêts aussi à l’auto-réparation
Le site de vente en ligne Oscaro vient, pour sa part, de créer son premier baromètre réalisé par l’institut de sondage BVA sur le thème « Ces Français qui mettent les mains dans le cambouis ». Il ressort que 28 % des automobilistes français déclarent avoir été des auto-réparateurs lors des 24 derniers mois. Le baromètre révèle aussi que 40 % des auto-réparateurs sont des auto-réparatrices. Autre constat, cette activité profite d’un véritable engouement auprès des jeunes : 38 % des sondés des 18-34 ans se déclarent auto-réparateurs lorsque la proportion tombe à 18 % pour la catégorie des 55 ans et plus.
Le do it yourself, en plein essor, est à la portée de tous : plus de 56 % se déclarent débutants, 39 % se disent confirmés et seulement 5 % experts. Les opérations les plus couramment réalisées sont les plus simples pour 71 % des répondants (vidange, remplacement de balais d’essuie-glaces, mise à niveau des liquides, remplacement des filtres). 46 % déclarent avoir réparé ou remplacé une roue suite à une crevaison et 34 % ont déclaré le remplacement d’une pièce d’usure (plaquettes de frein, embrayage, amortisseurs ou échappement). La diffusion de nombreux tutoriels et les forums sur internet jouent un rôle clé dans le développement du phénomène d’auto-réparation.
L’équipe Avisé
Sources :
Crédit photo : Pixabay
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